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Denner, Charles (1926-1995), acteur français.

Né à Tarnow (Pologne), Charles Denner a quatre ans quand sa famille s'installe en France. Attiré très tôt par le théâtre, il suit dès 1945 les cours de Charles Dullin, puis débute l'année suivante dans le rôle du valet de Volpone, au théâtre de l'Atelier. Après plusieurs années dans diverses petites compagnies, il entre dans la troupe du TNP de Jean Vilar, où il joue un grand nombre de pièces.Il débute au cinéma en 1954 dans Poisson d'avril de Gilles Grangier et, aux côtés de Gérard Philipe, dans la Meilleure Part d'Yves Allégret (1955), mais même son apparition dans Ascenseur pour l'échafaud de Louis Malle (1957) reste anodine. En revanche son rôle multiple d'homme de la rue dans le Thomas More de Robert Bolt et surtout celui de Gori-Goering dans la Résistible Ascension d'Arturo Ui de Bertolt Brecht sont remarqués, en particulier par le cinéaste Claude Chabrol, qui lui confie le rôle difficile de l'assassin de veuves dans Landru (1962), où il réussit à se démarquer du Chaplin de Monsieur Verdoux (1947). Peu après, dans la Vie à l'envers d'Alain Jessua (1964), Denner incarne magistralement un homme qui s'enferme progressivement dans une solitude aux limites de la folie.Son regard perçant et mystérieux dans un visage émacié, sa gestuelle parfois saccadée, sa voix profonde et gouailleuse à la fois — qui lui permet d'enregistrer plusieurs disques de textes littéraires divers — ont fait de lui un acteur inclassable, évoluant de seconds rôles et de courtes apparitions à chaque fois remarquées en premiers rôles, plus rares. Il a tourné avec des cinéastes aux univers très différents, tels Chabrol (Marie-Chantal contre docteur Kha, 1965), François Truffaut (la Mariée était en noir, 1967), Claude Berri (le Vieil Homme et l'enfant, 1966), Claude Lelouch (l'Aventure, c'est l'aventure, 1971 ; Robert et Robert, 1978), Costa-Gavras (Z, 1968), Jean-Paul Rappeneau (les Mariés de l'an deux, 1970), Claude Sautet (Mado, 1976), Philippe Labro (l'Héritier, 1972), Marcel Carné (les Assassins de l'ordre, 1970), Henri Verneuil (Peur sur la ville, 1974 ; Mille milliards de dollars, 1982), Pierre Tchernia (les Gaspards, 1973), Laurent Heynemann (Stella, 1983) ou Pierre Schoendorffer (l'Honneur d'un capitaine, 1983). On a également vu Charles Denner à la télévision, notamment dans la Sourde Oreille, de Michel Polac (1980).Son plus grand rôle reste celui du séducteur invétéré Bertrand Morane dans l'Homme qui aimait les femmes de François Truffaut (1976). Lui seul pouvait donner cohérence à un film nécessairement éparpillé entre des dizaines de rencontres amoureuses et rendre un tel personnage pathétique. Dans les dix dernières années de sa vie, la maladie le maintient loin des écrans comme des planches. Son dernier rôle marquant reste, aux côtés de Delphine Seyrig, celui du marchand de vêtements de Golden Eighties de Chantal Akerman (1985).